tun ; mais invite quelqu’un de ces jeunes gens à te répondre. Car, pour moi, je n’ai pas l’habitude de ces sortes de discussion et je ne suis plus d’âge à la prendre. Mais cela convient à ces jeunes garçons et ils en tireront beaucoup plus de profit que moi. Le fait est que la jeunesse fait des progrès en tout. Ne lâche donc pas Théétète et questionne-le comme tu as commencé.
Tu entends, Théétète, ce que dit Théodore ? Tu ne voudras pas, je pense, lui désobéir ; car il n’est pas permis à un jeune garçon de désobéir en pareille matière aux prescriptions d’un homme sage. Allons, réponds-moi bien et bravement. Que crois-tu qu’est la science ?
Il faut donc obéir, Socrate, puisque vous l’ordonnez. D’ailleurs, si je commets quelque erreur, vous me redresserez.
IV. — Certainement, si du moins nous en sommes capables.
Eh bien, il me semble que d’abord ce qu’on peut apprendre de Théodore est science : la géométrie et les disciplines que tu as énumérées tout à l’heure, et ensuite que la cordonnerie et les arts des autres ouvriers ne sont, tous et chacun, autre chose que science.
Tu es bien généreux et libéral, mon ami : on ne te demande qu’une chose, et tu en donnes plusieurs, un objet simple, et tu en donnes une variété[1].
Comment cela ? et que veux-tu dire par là, Socrate ?
Peut-être rien. Cependant je vais t’expliquer ce que je pense. Par le mot cordonnerie, tu ne veux pas, n’est-ce pas, dire autre chose que la science de confectionner des chaussures ?
Pas autre chose.
Et par le mot menuiserie, autre chose que la science de confectionner des meubles en bois ?
- ↑ Socrate dit de même à Ménon, qui, prié de définir la vertu, énumère les vertus propres à tous les états : « J’ai, ma foi, beaucoup de chance, Ménon : je ne cherchais qu’une unique vertu, et je trouve logé chez toi un essaim de vertus. » (Ménon, 72 a.)