enquête est finie, je suis également quitte de l’obligation de te répondre, puisque nous sommes convenus que je le serais quand la discussion du système de Protagoras serait arrivée à son terme.
XXIX. — Non, Théodore, pas avant que Socrate et toi, vous ayez discuté la doctrine de ceux qui prétendent que tout est en repos, comme vous vous l’êtes proposé tout à l’heure.
Jeune comme tu es, Théétète, tu enseignes à tes aînés à mal faire en violant leurs conventions. Prépare-toi plutôt à répondre à Socrate sur ce qui reste à dire.
Oui, s’il le veut. J’aurais pourtant été bien aise d’entendre discuter le système dont je parle.
Appeler Socrate à la dispute, c’est appeler la cavalerie dans la plaine. Interroge-le donc et tu entendras ce que tu désires.
Je ne crois pas néanmoins, Théodore, que je me rende au désir de Théétète sur les sujets où il m’appelle.
Pourquoi donc ne t’y rendras-tu pas ?
Un sentiment de respect me détourne de critiquer sans ménagement Mélissos et les autres qui soutiennent que tout est un et immobile ; mais je sens plus de respect encore pour le seul Parménide. Parménide me paraît être, selon l’expression d’Homère, « à la fois vénérable et redoutable[1]. » J’ai approché l’homme quand j’étais bien jeune encore et lui bien vieux, et il m’a paru avoir une profondeur d’une rare qualité[2]. Aussi j’ai peur que nous ne comprenions pas ses paroles et que sa pensée ne nous dépasse bien plus encore ; mais ce que je crains le plus, c’est que la question pour laquelle nous sommes entrés en discussion, à savoir la nature de la science, ne soit point étudiée, par suite des digressions qui nous envahiraient, si nous les écoutions. D’ailleurs le sujet que nous éveillons ici est d’une étendue infinie ; si nous ne l’examinons