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nom. Aussi est-il plus correct de nous mettre plus nettement d’accord sur ce point même, d’autant qu’il n’est pas de peu d’importance que la chose soit ainsi ou autrement.

THÉODORE

Tu dis vrai.

SOCRATE

Ecartons donc tout autre témoignage et tirons le plus brièvement possible cet aveu de ses propres discours.

THÉODORE

Comment ?

SOCRATE

Voici : il dit bien que ce qui paraît à chacun existe réellement pour celui à qui cela paraît.

THÉODORE

Il le dit en effet.

SOCRATE

Or nous aussi, Protagoras, nous exprimons les opinions d’un homme ou plutôt de tous les hommes, quand nous affirmons qu’il n’est personne qui, à certains égards, ne se juge plus sage que les autres, et les autres plus sages que lui à d’autres égards, et que, du moins dans les plus grands dangers, à la guerre, dans les maladies, sur la mer orageuse, on regarde comme des dieux ceux qui commandent en ces rencontres, parce qu’on attend d’eux son salut, et cependant leur seule supériorité est celle du savoir. Et l’on peut dire que le monde entier est plein de gens qui cherchent des maîtres et des chefs pour eux-mêmes, pour les animaux et pour leurs travaux, et, par contre, de gens qui se croient capables d’enseigner et capables de gouverner. Et dans tous ces cas, que pouvons-nous dire, sinon que les hommes eux-mêmes pensent qu’il y a parmi eux des sages et des ignorants ?

THÉODORE

On ne peut dire autre chose.

SOCRATE

Ne tiennent-ils pas que la sagesse est une pensée vraie et l’ignorance une opinion fausse ?

THÉODORE

Sans doute.

SOCRATE

Alors, Protagoras, que conclurons-nous de ces consid