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nécessairement mortelles, et rien ne lui fait défaut pour devenir entièrement mortel, autant que cela est possible, puisque c’est à cela qu’il s’est exercé. Mais lorsqu’un homme s’est donné tout entier à l’amour de la science et à la vraie sagesse et que, parmi ses facultés, il a surtout exercé celle de penser à des choses immortelles et divines, s’il parvient à atteindre la vérité, il est certain que, dans la mesure où il est donné à la nature humaine de participer à l’immortalité, il ne lui manque rien pour y parvenir ; et, comme il soigne toujours la partie divine et maintient en bon état le génie qui habite en lui, il doit être supérieurement heureux. Il n’y a d’ailleurs qu’une seule manière de soigner quelque chose, c’est de lui donner la nourriture et les mouvements qui lui sont propres. Or les mouvements parents de la partie divine qui est en nous, ce sont les pensées de l’univers et ses révolutions circulaires. C’est sur elles que chacun doit se modeler et corriger les révolutions relatives au devenir qui se font dans notre tête d’une manière déréglée, en apprenant à discerner les harmonies et les révolutions de l’univers, en rendant la partie qui pense semblable à l’objet de sa pensée, en conformité avec sa nature originelle, afin d’atteindre, dans le présent et dans l’avenir, à la perfection de cette vie excellente que les dieux ont proposée aux hommes.

Et maintenant la tâche qui nous a été imposée en commençant, de faire l’histoire de l’univers jusqu’à la génération de l’homme, semble à peu près accomplie. Comment, à leur tour, les autres animaux sont venus à l’existence, c’est ce qu’il nous faut dire brièvement, là où il n’y a pas nécessité de s’étendre, et nous pouvons croire ainsi que nous gardons la juste mesure en traitant ce sujet. Voici donc ce que nous en dirons. Parmi les hommes qui avaient reçu l’existence, tous ceux qui se montrèrent lâches et passèrent leur vie à mal faire furent, suivant toute vraisemblance, transformés en femmes à leur deuxième incarnation. Ce fut à cette époque et pour cette raison que les dieux construisirent le désir de la conjonction chamelle, en façonnant un être animé en nous et un autre dans les femmes, et voici comment ils firent l’un et l’autre. Dans le canal de la boisson, à l’endroit où il reçoit les liquides, qui, après avoir traversé les poumons, pénètrent sous les rognons dans la vessie, pour être expulsés dehors sous la pression de l’air, les dieux ont percé une ouverture qui donne dans la moelle épaisse qui descend de la tête par le cou le long de l’échine, moelle que dans nos discours antérieurs nous avons appelée sperme. Cette moelle, parce qu’elle est animée et a trouvé une issue, a implanté dans la partie où se trouve cette issue un désir vivace d’émission et a ainsi donné naissance à l’amour de la génération. Voilà pourquoi chez les mâles