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C’est pour les mêmes motifs et de la même façon que Dieu mit certains nerfs au bas de la tête autour du cou et les y souda suivant un procédé symétrique, et s’en servit aussi pour attacher les extrémités des mâchoires sous la substance du visage. Quant aux autres, il les distribua dans tous les membres pour lier chaque articulation à sa voisine.

Pour l’appareil de la bouche, ses organisateurs le disposèrent, comme il l’est actuellement, avec des dents, une langue et des lèvres, en vue du nécessaire et en vue du bien ; ils imaginèrent l’entrée en vue du premier et la sortie en vue du second. Car tout ce qui entre pour fournir sa nourriture au corps est nécessaire, et le courant de paroles qui sort de nos lèvres pour le service de l’intelligence est le plus beau et le meilleur de tous les courants.

Pour en revenir à la tête, il n’était pas possible de la laisser avec sa boîte osseuse toute nue, exposée aux rigueurs alternées des saisons, ni de la couvrir d’une masse de chairs qui l’eût rendue stupide et insensible. Or, comme la substance de la chair ne se dessèche pas, il se forma autour d’elle une pellicule qui la dépassait en grandeur et qui se sépare d’elle : c’est ce que nous appelons aujourd’hui la peau. Grâce à l’humidité du cerveau, cette peau crût et se ferma sur elle-même de manière à revêtir tout le tour de la tête. L’humidité qui montait sous les sutures l’arrosa et la referma sur le sommet de la tête, en la ramassant dans une sorte de noeud. Ces sutures, qui affectent toutes sortes de formes, sont l’effet de la puissance des cercles de l’âme et de la nourriture ; elles sont plus nombreuses, si la lutte entre ces deux influences est plus vive, moins nombreuses, quand elle est moins violente.

Toute cette peau, le dieu la troua tout autour de la tète par des piqûres de feu ; quand elle fut percée et que l’humidité s’écoula dehors au travers d’elle, tout le liquide et toute la chaleur qui étaient purs s’en allèrent ; mais ce qui avait été formé par un mélange avec les éléments dont la peau elle-même était composée, soulevé par le mouvement, s’étendit dehors en un long fil aussi fin que la piqûre ; mais repoussé, à cause de la lenteur du mouvement, par l’air extérieur qui l’environnait, il revint se pelotonner à l’intérieur sous la peau et y prit racine. C’est suivant ces procédés que la nature a fait naître les cheveux dans la peau : c’est une substance en forme de fil de même nature que la peau, mais plus dure et plus dense, à cause de la constriction opérée par le refroidissement, lorsque chaque cheveu qui se détache de la peau se refroidit et se condense. C’est ainsi que notre créateur a fait notre tête velue, en utilisant les causes que nous avons mentionnées. Il pensa qu’au lieu de chair, les cheveux devaient être pour la sûreté du cerveau une enveloppe légère, propre à lui fournir de l’ombre l’été et un abri