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A ce que je vois, Socrate, tu viens de dire qu’il fallait reprendre la discussion dès le début pour la troisième fois.

SOCRATE

Oui ; mais écoutons ce qui suit. Comme j’avais dans l’esprit tout ce que je viens d’exposer et que j’étais choqué de l’opinion soutenue non seulement par Philèbe, mais par une infinité d’autres, j’ai dit que l’intelligence était pour la vie humaine une chose beaucoup meilleure et plus avantageuse que le plaisir.

PROTARQUE

Cela est vrai.

SOCRATE

Mais comme je soupçonnais qu’il y avait encore plusieurs autres biens, j’ai ajouté que, si nous en trouvions un meilleur que ces deux-là, je soutiendrais l’intelligence contre le plaisir dans la lutte pour le second prix et que le plaisir ne l’obtiendrait pas.

PROTARQUE

Tu l’as dit en effet.

SOCRATE

Ensuite nous avons donné des preuves parfaitement suffisantes qu’aucun des deux n’était suffisant.

PROTARQUE

C’est rigoureusement exact.

SOCRATE

Notre discussion a entièrement débouté l’une et l’autre, l’intelligence et le plaisir, de leur prétention a être le bien absolu, parce qu’ils sont privés du pouvoir de se suffire par eux-mêmes et qu’ils sont incomplets en même temps qu’insuffisants.

PROTARQUE

C’est très juste.

SOCRATE

Mais un troisième compétiteur s’étant montré supérieur à chacun de ces deux-là, l’intelligence nous a paru avoir une parenté et une affinité cent fois plus grande que le plaisir avec l’essence du vainqueur.

PROTARQUE

Comment en douter ?

SOCRATE