Alors tu as raison de dire que nous ne sentons aucune douleur quand l’oubli nous fait perdre des connaissances.
En conséquence, il faut dire que les plaisirs de la science sont des plaisirs sans mélange et qu’ils ne sont pas accessibles à la plupart des hommes, mais à un très petit nombre.
Certainement, il faut le dire.
XXXII. — Maintenant que nous avons assez bien distingué et séparé les plaisirs purs et ceux qu’on pourrait, assez justement, appeler impurs, ajoutons à ce discours que les plaisirs violents sont démesurés et que ceux qui n’ont pas de violence sont, au contraire, mesurés, et disons que ceux qui sont grands et forts et qui se font sentir, tantôt souvent, tantôt rarement, se rangent dans la classe de l’infini, qui agit plus ou moins sur le corps et sur l’âme, et que les autres appartiennent à la classe du fini.
Rien de plus juste que ce que tu dis, Socrate.
Il y a encore une autre question à considérer à propos de ces plaisirs.
Laquelle ?
Que doit-on dire qui approche le plus de la vérité, ce qui est pur et sans mélange, ou ce qui est violent, nombreux, grand, suffisant ?
En vue de quoi, Socrate, me fais-tu cette question ?
C’est que, Protarque, je ne veux rien laisser de côté dans l’examen du plaisir et de la science. Je veux distinguer ce qui, dans chacun des deux, est pur et ce qui ne l’est pas, afin que l’un et l’autre se présentant dans leur pureté devant notre tribunal, à moi, à toi et à tous les assistants, nous rendent le jugement plus facile.
C’est très juste.
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