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Comment le pourrait-elle ?

SOCRATE

Il en est de même de la vie moyenne. Juger ou dire qu’elle est agréable ou douloureuse, c’est mal juger et mal parler, du moins à consulter la droite raison.

PROTARQUE

Sans contredit.

SOCRATE

Cependant, camarade, nous connaissons des gens qui parlent et jugent de la sorte[1].

PROTARQUE

C’est vrai.

SOCRATE

Croient-ils donc aussi qu’ils ont du plaisir dès lors qu’ils ne sentent pas de douleur ?

PROTARQUE

Ils le disent en tout cas.

SOCRATE

Ils croient donc avoir du plaisir ; autrement, ils ne le diraient pas.

PROTARQUE

C’est ce qui me semble.

SOCRATE

Ils ont donc une fausse opinion du plaisir, s’il est vrai que l’absence de douleur et le plaisir soient différents de nature.

PROTARQUE

Ils sont, en effet, différents, nous l’avons vu.

SOCRATE

Alors admettons-nous qu’il y a, comme nous le disions à l’instant, trois états, ou qu’il n’y en a que deux, la douleur qui est un mal pour l’humanité, et l’absence de douleur qui est par elle-même un bien et que nous appellerons plaisir ?

PROTARQUE

XXVII. — A quel propos nous faisons-nous cette question, Socrate ? Je ne le saisis pas.

SOCRATE
  1. Sans doute Antisthène et son école.