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D’où l’aurait-il prise, mon cher Protarque, si le corps de l’univers n’était pas animé et n’avait pas les mêmes éléments que le nôtre, et plus beaux encore à tous points de vue ?

PROTARQUE

Il est clair, Socrate, qu’il ne l’a prise de nulle part ailleurs.

SOCRATE

Nous ne pensons sans doute pas, Protarque, que, de ces quatre genres, le fini, l’infini, le mixte et le genre de la cause qui se rencontre comme quatrième en toutes choses, cette cause qui fournit une âme à nos corps, qui dirige leurs exercices, qui les guérit quand ils sont malades, qui forme mille autres assemblages et les répare, soit qualifiée de sagesse pleine et entière, et que dans le ciel entier, où les mêmes choses se retrouvent sous un plus grand volume et sous une forme belle et pure, on ne trouve pas réalisée la nature la plus belle et la plus précieuse.

PROTARQUE

Le penser ne serait pas du tout raisonnable.

SOCRATE

Aussi, puisque cela est impossible, nous ferions mieux de suivre l’autre opinion et de dire, comme nous l’avons fait souvent, qu’il y a dans l’univers beaucoup d’infini, une quantité suffisante de fini, auxquels préside une cause fort importante, qui ordonne et arrange les années, les saisons et les mois, laquelle mérite à très juste titre d’être appelée sagesse et intelligence.

PROTARQUE

A très juste titre certainement.

SOCRATE

Mais il n’y a pas de sagesse et d’intelligence, s’il n’y a pas d’âme.

PROTARQUE

Non, en effet.

SOCRATE

En conséquence tu diras que dans la nature de Zeus il y a une âme royale, une intelligence royale formées par la puissance de la cause, et chez d autres dieux d’autres belles qualités, désignées du nom qui plaît à chacun d’eux.

PROTARQUE