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N’est-ce pas, dans les cas de maladie, le juste mélange de ces éléments qui produit la santé ?

PROTARQUE

Si, assurément.

SOCRATE

Et dans l’aigu et le grave, dans le rapide et le lent, qui sont infinis, est-ce qu’en s’y mélangeant, les mêmes éléments ne les rendent pas finis, et ne donnent-ils pas la forme la plus parfaite à toute la musique ?

PROTARQUE

Parfaitement.

SOCRATE

Et, en s’introduisant dans le froid et dans la chaleur, n’en ôtent-ils pas le trop et l’infini, en y substituant la mesure et la proportion ?

PROTARQUE

Sans contredit.

SOCRATE

N’est-ce pas de ce mélange de l’infini et du fini que naissent les saisons et tout ce que nous trouvons de beau dans l’univers ?

PROTARQUE

Sans doute.

SOCRATE

Et il y a mille autres choses que j’omets de citer, comme la beauté et la force avec la santé, et dans l’âme une foule d’admirables qualités. En effet, la déesse, mon beau Philèbe, en voyant la violence et l’universelle méchanceté, qui viennent de ce que les hommes ne mettent pas de bornes à leurs plaisirs et à leur gourmandise, a établi la loi et l’ordre, qui contiennent une limite. Tu prétends, toi, qu’elle fait du mal ; moi, au contraire, je dis qu’elle est notre salut. Et toi, Protarque, qu’en dis-tu ?

PROTARQUE

Je suis tout à fait d’accord avec toi, Socrate.

SOCRATE

Telles sont les trois classes dont j’avais à parler, si tu me comprends bien.

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