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Or n’est-ce pas en nous servant d’expressions contraires aux précédentes que nous exprimons notre éloge ?

SOCRATE LE JEUNE

Comment ?

L’ÉTRANGER

Toutes les fois que nous appelons calmes et sages les ouvrages de l’esprit qui excitent notre admiration, que nous louons des actions lentes et douces, des sons coulants et graves, et tous les mouvements rythmiques et tous les arts en général qui usent d’une lenteur opportune, ce n’est pas le terme de fort, mais celui de réglé que nous appliquons à tout cela.

SOCRATE LE JEUNE

C’est parfaitement exact.

L’ÉTRANGER

Par contre, toutes les fois que ces deux genres de qualités se manifestent hors de propos, nous changeons de langage et nous les critiquons, les unes aussi bien que les autres, en leur appliquant des noms opposés.

SOCRATE LE JEUNE

Comment cela ?

L’ÉTRANGER

Quand les choses dont nous parlons deviennent plus vives qu’il ne convient et apparaissent trop rapides et trop dures, nous les appelons violentes et extravagantes ; si elles sont trop graves, trop lentes et trop douces, nous les appelons lâches et indolentes, et presque toujours ces genres opposés, la modération et la force, se montrent à nous comme des idées rangées en deux partis hostiles, et qui ne se mêlent pas dans les actes où elles se réalisent. Enfin nous verrons que ceux qui portent ces qualités dans leurs âmes ne s’accordent pas entre eux, si nous voulons les suivre.

SOCRATE LE JEUNE

XLV. — En quoi sont-ils en désaccord, selon toi ?

L’ÉTRANGER

En tout ce que nous venons de dire et probablement aussi en beaucoup d’autres choses. J’imagine que, suivant leur parenté avec l’une ou l’autre espèce, ils louent certaines choses comme des qualités qui leur sont propres, et blâment les qualités opposées, parce qu’elles