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L’ÉTRANGER

Suppose encore que l’on institue chaque année des chefs du peuple, tirés au sort, soit parmi les riches, soit dans le peuple tout entier, et que les chefs ainsi institués se règlent sur les lois écrites pour gouverner les vaisseaux et soigner les malades.

SOCRATE LE JEUNE

Cela est encore plus difficile à admettre.

L’ÉTRANGER

XXXVIII. — Considère maintenant ce qui suit. Lorsque chacun des magistrats aura fini son année, il faudra constituer des tribunaux dont les juges seront choisis parmi les riches ou tirés au sort dans le peuple tout entier, et v faire comparaître les magistrats sortis de charge pour qu’ils rendent leurs comptes. Quiconque le voudra pourra les accuser de n’avoir pas, pendant leur année, gouverné les vaisseaux suivant les lois écrites ou suivant les vieilles coutumes des ancêtres, et l’on pourra de même accuser ceux qui soignent les malades, et les mêmes juges fixeront la peine ou l’amende que les condamnés auront à payer.

SOCRATE LE JEUNE

Alors, si un homme consentait volontairement à commander parmi de tels gens, il mériterait bien toutes les peines et amendes possibles.

L’ÉTRANGER

Il faudra encore après cela établir une loi portant que si l’on surprend quelqu’un à faire des recherches, en dépit des règles écrites, sur l’art du pilotage et la navigation et sur la santé et la vraie science médicale, dans ses rapports avec les vents, le chaud et le froid, et à imaginer quelque nouveauté en ces matières, d’abord, on ne lui donnera pas le nom de médecin, ni de pilote, mais celui de discoureur en l’air et de sophiste bavard [20] , ensuite, que quiconque le voudra, parmi ceux qui en ont le droit, pourra l’accuser et le traduire devant quelque tribunal comme corrompant les jeunes gens et leur persuadant de pratiquer le pilotage et la médecine sans tenir compte des lois, en gouvernant, au contraire, en maîtres absolus les vaisseaux et les malades ; et s’il est avéré qu’il donne, soit aux jeunes gens, soit aux vieillards, des conseils -contraires aux lois et aux règlements écrits, on le punira des derniers supplices ; car il ne doit rien y avoir de plus sage que les lois, vu que personne n’ignore la médecine, l’hygiène, ni le pilotage et la navigation ; car il est loisible à tout le morde d’apprendre les règles écrites et les coutumes reçues dans la nation. S’il en devait être ainsi, Socrate, et de ces sciences, et de la stratégie,