Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/201

Cette page n’a pas encore été corrigée

E LE JEUNE|c}}

Lequel ?

L’ ÉTRANGER

Les ramener d’abord aux groupes où ils avaient des opinions correctes sur ces mêmes lettres, puis, cela fait, les placer devant les groupes qu’ils ne connaissent pas encore et leur faire voir, en les comparant, que les lettres ont la même forme et la même nature dans les deux composés, jusqu’à ce qu’on leur ait montré, en face de tous les groupes qu’ils ignorent, ceux qu’ils reconnaissent exactement, et que ces groupes ainsi montrés deviennent des paradigmes qui leur apprennent, pour chacune des lettres, dans quelque syllabe qu’elle se trouve, à désigner comme autre que les autres celle qui est autre, et comme toujours la même et identique à elle-même celle qui est la même.

SOCRATE LE JEUNE

J’en suis entièrement d’accord.

L’ÉTRANGER

Maintenant nous voyons bien, n’est-ce pas, que ce qui constitue un paradigme, c’est le fait que le même élément est reconnu exactement dans un autre groupe distinct et que sur l’un et l’autre, comme s’ils formaient un seul ensemble, on se forme une opinion vraie unique.

SOCRATE LE JEUNE

Apparemment.

L’ÉTRANGER

Nous étonnerons-nous donc que notre âme, naturellement sujette aux mêmes incertitudes en ce qui concerne les éléments de toutes choses, tantôt se tienne ferme sur la vérité à l’égard de chaque élément dans certains composés, et tantôt se fourvoie sur tous les éléments de certains autres et qu’elle se forme d’une manière ou d’une autre une opinion droite sur certains éléments de ces combinaisons et qu’elle les méconnaisse quand ils sont transposés dans les syllabes longues et difficiles de la réalité ?

SOCRATE LE JEUNE

Il n’y a là rien d’étonnant.

L’ÉTRANGER

Le moyen, en effet, mon ami, quand on part d’une opinion fausse, d’atteindre même la moindre parcelle de vérité et d’acquérir de la sagesse ?

SOCRATE LE JEUNE

Ce n’est guère possible.