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Voici. Nous avons fait comme si, voulant diviser en deux le genre humain, on en faisait le partage à la manière de la plupart des gens d’ici, qui séparent la race hellénique de tout le reste, comme formant une unité distincte, et, réunissant toutes les autres sous la dénomination unique de barbares, bien qu’elles soient innombrables, qu’elles ne se mêlent pas entre elles et ne parlent pas la même langue, se fondent sur cette appellation unique pour les regarder comme une seule espèce. C’est encore comme si l’on croyait diviser les nombres en deux espèces en coupant une myriade sur le tout, dans l’idée qu’on en fait une espèce à part, et qu’on prétendît, en donnant à tout le reste un nom unique, que cette appellation suffit pour en faire aussi un genre unique, différent du premier. Mais on ferait plus sagement et on diviserait mieux par espèces et par moitiés, si l’on partageait les nombres en pairs et impairs et le genre humain en mâles et femelles, et si l’on n’en venait à séparer et opposer les Lydiens, ou les Phrygiens, ou quelque autre peuple à tous les autres que lorsqu’il n’y aurait plus moyen de trouver une division dont chaque terme fût à la fois espèce et partie.

SOCRATE LE JEUNE

VII. — Ce que tu dis est très juste. Mais cette espèce même et cette partie, étranger, comment peut-on reconnaître qu’elles ne sont pas une même chose, mais qu’elles diffèrent l’une de l’autre ?

L’ÉTRANGER

O le meilleur des hommes, ce n’est pas une mince tâche que tu m’imposes là, Socrate. Nous ne nous sommes déjà que trop écartés de notre sujet, et toi, tu demandes que nous nous en éloignions encore davantage. Pour le moment, revenons sur nos pas, comme il convient ; quant à la piste que tu voudrais suivre, nous la reprendrons plus tard, quand nous aurons le temps. En attendant, garde-toi bien d’aller jamais t’imaginer que tu m’as entendu expliquer ceci clairement.

SOCRATE LE JEUNE

Quoi ?

L’ÉTRANGER

Que l’espèce et la partie sont différentes l’une de l’autre.

SOCRATE LE JEUNE

En quoi ?

{{Personnage|L’ÉTRAN