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7a avait reçus, et cela contre lui-même, le dernier qu’il eût voulu voir attaquer.

CALLICLÈS

Tu veux que je te l’accorde ?

SOCRATE

Oui, s’il te paraît que je dis la vérité.

CALLICLÈS

Soit donc.

SOCRATE

Mais en les rendant plus féroces, il les a rendus plus injustes et plus mauvais ?

CALLICLÈS

Soit.

SOCRATE

A ce compte, Périclès n’était donc pas un bon politique ?

CALLICLÈS

C’est toi qui le dis.

SOCRATE

Et toi aussi, par Zeus, si je m’en rapporte à tes aveux. Mais maintenant parlons de Cimon. N’a‑t‑il pas été frappé d’ostracisme par ceux dont il prenait soin, pour que de dix ans ils n’eussent plus à entendre sa voix ? Et Thémis­tocle n’a‑t‑il pas été traité de même et de plus condamné à l’exil ? Quant à Miltiade, le vainqueur de Marathon, n’avaient‑ils pas voté qu’il serait jeté dans le barathre 48 et, sans le prytane, n’y aurait‑il pas été précipité ? Si cependant tous ces hommes avaient eu la vertu que tu leur attribues, ils n’auraient jamais été traités de la sorte. Il n’est pas naturel que les bons cochers restent fermes sur leur char au début de leur carrière et qu’ils en tombent juste au moment où ils ont dressé leurs chevaux et sont devenus eux‑mêmes plus habiles. C’est ce qui n’arrive ni dans l’art de conduire un attelage, ni dans aucun autre. N’est‑ce pas ton avis ?

CALLICLÈS

Si.

SOCRATE

Nous avions donc raison, à ce qu’il paraît, quand nous disions dans nos précédents discours qu’il n’y avait jamais eu, à notre connaissance, de bon politique dans notre ville. Tu avouais toi-même qu’il n’y en a point parmi nos contemporains, mais qu’il y en avait eu jadis et à ceux‑là tu donnais une place à part. Mais nous avons reconnu qu’ils étaient exactement pareils à ceux de nos jours, en sorte que, s’ils ont été des orateurs, ils n’ont fai