6b Maintenant préférerais‑tu ce qui est plus laid et plus mauvais à ce qui l’est moins ? N’hésite pas à répondre, Polos : il ne t’en arrivera aucun mal. Livre‑toi bravement à la discussion comme à un médecin et réponds par oui ou par non à ma question.
Non, Socrate, je ne le préférerais pas.
Est‑il un homme qui le préférât ?
Il me semble que non, du moins d’après ce raisonnement.
J’avais donc raison de dire que ni moi, ni toi, ni personne au monde ne préférerait commettre l’injustice à la subir, puisque c’est une chose plus mauvaise.
Il y a apparence.
Tu vois donc, Polos, que mon argumentation et la tienne, rapprochées l’une de l’autre, ne se ressemblent en rien. Tu as, toi, l’assentiment de tout le monde, excepté moi, et moi, je me contente de ton seul acquiescement et de ton seul témoignage ; je n’appelle à voter que toi seul et je n’ai cure des autres. Que ce point demeure donc arrêté entre nous. Passons maintenant à l’examen du second point sur lequel nous étions en contestation : être puni, quand on est coupable, est‑ce le plus grand des maux, comme tu le pensais, ou est‑ce, comme je le pensais, un plus grand mal d’échapper au châtiment ? Procédons de cette manière : payer sa faute et être châtié justement, quand on est coupable, n’est‑ce pas la même chose, à ton avis ?
Si.
Et maintenant peux‑tu soutenir que tout ce qui est juste n’est pas beau, en tant que juste ? Réfléchis avant de répondre.
Oui, Socrate, je crois qu’il en est ainsi.
XXXII. — Examine encore ceci. Si un agent fait 476b-47