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tant que l’un l’emporte sur l’autre par la souffrance ou le mal causés, ou par les deux. N’est‑ce pas forcé aussi ?

POLOS

Sans contredit.

SOCRATE

XXXI. — Examinons en premier lieu si l’injustice commise cause plus de douleur que l’injustice reçue et si ceux qui la commettent souffrent plus que leurs victimes.

POLOS

Pour cela, non, Socrate.

SOCRATE

Ce n’est donc pas par la douleur que l’injustice com­mise l’emporte ?

POLOS

Non certes.

SOCRATE

Si ce n’est pas par la douleur, ce n’est pas non plus par les deux qu’elle l’emporte.

POLOS

Évidemment non.

SOCRATE

Reste donc que c’est par l’autre.

POLOS

Oui.

SOCRATE

Par le mal.

POLOS

C’est vraisemblable.

SOCRATE

Puisque faire une injustice l’emporte par le mal, la faire est donc plus mauvais que la recevoir ?

POLOS

Évidemment.

SOCRATE

Or n’est‑il pas admis par la plupart des hommes et ne m’as‑tu pas avoué toi-même précédemment qu’il est plus laid de commettre l’injustice que de la subir ?

POLOS

Si.

SOCRATE

Et nous venons de voir que c’est plus mauvais.

POLOS

Il paraît que oui.

SOCRATE

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