67d Je l’accorde encore à présent.
Alors, ne font‑ils pas ce qu’ils veulent ?
Je le nie.
Quand ils font ce qui leur plaît ?
Oui.
Tu tiens là des propos pitoyables, insoutenables, Socrate.
Retiens ta rancœur, Polos de mon cœur 17, pour parler à ta manière. Si tu es capable de m’interroger, prouve-moi que je me trompe ; sinon, réponds toi-même.
Je veux bien te répondre, afin de savoir enfin ce que tu veux dire.
XXIII. — Crois‑tu que les hommes, toutes les fois qu’ils agissent, veulent ce qu’ils font ou ce en vue de quoi ils le font ? Par exemple, ceux qui avalent une potion commandée par le médecin veulent‑ils, à ton avis, ce qu’ils font, avaler une médecine désagréable, ou bien cette autre chose, la santé, en vue de laquelle ils prennent la potion ?
Il est évident que c’est la santé qu’ils veulent.
De même ceux qui vont sur mer ou se livrent à tout autre trafic ne veulent pas ce qu’ils font journellement ; car quel homme est désireux d’affronter la mer, les dangers, les embarras ? Ce qu’ils veulent, je pense, c’est la chose en vue de laquelle ils naviguent, la richesse ; car c’est pour s’enrichir qu’on navigue.
C’est certain.
N’en est‑il pas de même pour tout ? Si l’on fait une chose en vue d’une fin, on veut, non pas ce qu’on fait, mais la fin en vue de laquelle on le fait.
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