459a-459d C’est vrai.
Si donc il doit être plus propre à persuader que le médecin, il sera plus persuasif que celui qui sait ?
Certainement.
Quoiqu’il ne soit pas médecin, n’est‑ce pas ?
Oui.
Mais celui qui n’est pas médecin est sans doute ignorant dans les choses où le médecin est savant.
C’est évident.
Ainsi l’ignorant parlant devant des ignorants sera plus propre à persuader que le savant, si l’orateur est plus propre à persuader que le médecin. N’est‑ce pas ce qui résulte de là, ou vois‑tu une autre conséquence ?
La conséquence est forcée, en ce cas du moins.
Et si l’on considère tous les autres arts, l’orateur et la rhétorique n’ont‑ils pas le même avantage ? La rhétorique n’a nullement besoin de connaître les choses en elles-mêmes, de manière à paraître aux yeux des ignorants plus savants que ceux qui savent.
XIV. — N’est‑ce pas une chose bien commode, Socrate, que de pouvoir, sans avoir appris d’autre art que celui-là, égaler tous les spécialistes ?
Si l’orateur, en se bornant à cet art, est ou n’est pas l’égal des autres, c’est ce que nous examinerons tout à l’heure, si notre sujet le demande. Pour le moment, voyons d’abord si, par rapport au juste et à l’injuste, au laid et au beau, au bien et au mal, l’orateur est dans le même cas que relativement à la santé et aux objets des autres arts et si, sans connaître les choses en elles‑mêmes et sans savoir ce qui est bien ou mal, beau ou laid, juste ou injuste, il a trouvé pour tout cela un moyen de 459d-460b persu