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— Oui, et même fort bien, Socrate.

— Mais voyons, Cébès, reprit Socrate, si c’était une nécessité pour l’impair d’être impérissable, le trois ne serait-il pas impérissable aussi ?

— Sans doute.

— Et si le non-chaud aussi était nécessairement impérissable, toutes les fois qu’on approcherait du chaud de la neige, est-ce que la neige ne se retirerait pas intacte et sans fondre ? Car elle ne périrait pas, et elle n’attendrait pas non plus et ne recevrait pas la chaleur.

— C’est vrai, dit-il.

— Il en est de même, je pense, de ce qui ne peut être rafraîchi. Si cela était impérissable, quand quelque chose de froid s’approcherait du feu, jamais le feu ne s’éteindrait ni ne périrait, mais il se retirerait sain et sauf.

— Nécessairement, fit-il.

— Ne faut-il pas nécessairement aussi dire la même chose de ce qui est immortel ? Si ce qui est immortel est aussi impérissable, il est impossible que l’âme, quand la mort vient à elle, puisse périr ; car d’après ce que nous avons dit, elle ne recevra pas la mort et ne sera jamais morte, pas plus que le trois, disions-nous, ni l’impair non plus, ne sera pair, ni le feu, ni non plus la chaleur qui est dans le feu ne deviendra froideur. Mais qu’est-ce qui empêche, dira-t-on, que l’impair, quoique, nous en sommes convenus, il ne devienne pas pair à l’approche du pair, ne périsse et d’impair ne devienne pair ? À cette objection nous ne pourrions répondre qu’il ne périt pas ; car le non-pair n’est pas impérissable. Autrement, si nous avions reconnu qu’il l’est, il nous serait facile de riposter qu’à l’approche du pair, l’impair et le trois se retirent, et nous ferions la même réponse au sujet du feu, du chaud, et du reste, n’est-ce pas ?

— Certainement.

— Par conséquent, au sujet de l’immortel, qui nous occupe à présent, si nous tombons d’accord qu’il est aussi impérissable, l’âme sera non seulement immortelle, mais encore impérissable. Sinon, il nous faudra d’autres preuves.

— Pour cela, dit-il, nous n’en avons nullement besoin ; car on aurait peine à trouver quelque chose d’impérissable si ce qui est immortel, étant éternel, admettait la destruction.

LVI. — Mais quant à Dieu, dit Socrate, à la forme même de la vie et à tout ce qu’il peut y avoir encore d’immortel,