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Cela est certain, ÉCHÉCRATE, et tous ceux qui étaient là furent de cet avis.

ÉCHÉCRATE

C’est aussi le nôtre, à nous qui n’étions pas là, mais qui t’écoutons à cette heure. Mais qu’est-ce qui fut dit après cela ?

PHÉDON

L. — Autant que je m’en souviens, quand on lui eut accordé cela et qu’on fut tombé d’accord sur l’existence réelle de chacune des formes, et que c’est de la participation que les autres choses ont avec elles qu’elles tirent leur dénomination, alors il posa cette question « Si tu admets ce que je viens d’avancer, est-ce que, lorsque tu dis que Simmias est plus grand que Socrate, mais plus petit que

PHÉDON

, tu ne dis pas alors qu’il y a dans Simmias deux choses à la fois, de la grandeur et de la petitesse ?

— Si.

— Mais alors, reprit Socrate, tu conviens qu’en disant que Simmias surpasse Socrate, cette proposition, telle qu’elle est exprimée par ces mots, n’est pas exacte ; car Simmias n’est pas tel de nature qu’il le dépasse par là même qu’il est Simmias, mais il le dépasse par la grandeur qu’il tient du hasard, et il ne surpasse pas non plus Socrate à cause que Socrate est Socrate, mais parce que Socrate a de la petitesse par comparaison à la grandeur de Simmias.

— C’est vrai.

— De même il n’est pas dépassé par

PHÉDON

parce que

PHÉDON

est

PHÉDON

, mais parce que

PHÉDON

a de la grandeur par comparaison à la petitesse de Simmias.

— C’est exact.

— Ainsi donc Simmias est appelé à la fois petit et grand, et il est entre les deux, laissant dépasser sa petitesse par la grandeur de l’un, et reconnaissant à l’autre une grandeur qui dépasse sa petitesse. J’ai bien l’air, ajouta-t-il en souriant, de parler comme si je rédigeais un contrat ; mais enfin la chose est ainsi.

— Il en tomba d’accord.

— Si j’insiste là-dessus, c’est que je voudrais te faire partager mon opinion. Car il me semble à moi que non seulement la grandeur en elle-même ne veut jamais être à la fois grande et petite, mais encore que la grandeur