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D’autre part, l’âme que remplit une excessive pudeur, qui ne s’associe point à la mâle audace, et qui se reproduit de la sorte pendant plusieurs générations, devient plus faible que de raison, et finit par tomber dans une complète défaillance.

LE JEUNE

SOCRATE

Il est encore vraisemblable qu’il en arrive ainsi.

L’ÉTRANGER

Voilà par quels liens je dirais qu’il n’est pas difficile d’enchaîner ces deux espèces d’hommes, pour peu qu’ils aient la même opinion sur le beau et sur le bien. Car c’est l’unique tâche et en même temps toute la tâche du tisserand royal, de ne jamais permettre que le caractère prudent rompe avec le caractère fort et énergique, de les mêler par la similitude des sentiments, des honneurs, des peines, des opinions, comme par un échange de gages d’union, d’en composer un tissu, comme nous avons dit, à la fois doux et solide, et de leur confier en commun les différents pouvoirs dans les États.

LE JEUNE

SOCRATE

Comment ?

L’ÉTRANGER

Là où il faut un seul chef, en choisissant un homme qui réunisse dans sa personne ces deux caractères ; là où il en faut plusieurs, en les mêlant par parties égales. Les chefs modérés ont, en effet, des mœurs prudentes, justes et conservatrices, mais ils manquent de décision et de cette prompte audace que réclame