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temps ces qualités, ainsi que la modération et la force, nous apparaissent comme des idées contraires, hostiles, qui se font la guerre, sans jamais pouvoir s’associer les unes aux autres ; et ceux qui portent ces qualités dans leur âme, nous les verrons en lutte entre eux, pour peu que nous nous attachions à leurs pas.


Pour les suivre où ?

L’ÉTRANGER

Dans toutes les circonstances que nous venons de relater, et vraisemblablement dans beaucoup d’autres. Il me paraît, en effet, que, se laissant aller à la pente de leur nature, ils louent les choses qui leur sont propres et personnelles, blâment les autres parce qu’elles leur sont étrangères, et qu’ainsi, dans beaucoup de cas, beaucoup d’inimitiés s’établissent entre les hommes.


LE JEUNE

SOCRATE

Je le crains.

L’ÉTRANGER

On pourrait croire que l’opposition de ces idées n’est qu’un jeu : dans les choses importantes, c’est la pire maladie qui puisse désoler les États.

LE JEUNE

SOCRATE

Dans quelles choses dis-tu ?

L’ÉTRANGER

Dans toute l’économie de la vie humaine, à ce qu’il me semble. Les uns sont d’un naturel extrêmement modéré, enclins à mener une vie tranquille, dirigeant seuls et par eux-mêmes leurs affaires,