il ne reste qu’une chose à faire : se réunir en conseil, pour écrire des lois, en suivant les traces du vrai gouvernement.
LE JEUNE
D’accord.
Nous étonnerons-nous, Socrate, des maux qui arrivent et ne cesseront d’arriver dans de pareils gouvernements, lorsqu’ils ont pour principe et pour condition de suivre dans leurs démarches, non la science, mais les lois écrites et les coutumes des ancêtres, et lorsque, en toute autre chose, une semblable conduite serait évidemment une cause de ruine ? Ce qu’il nous faut admirer, n’est-ce pas bien plutôt comme un État est naturellement une chose solide et puissante ? Car il y a un temps infini que les États sont en butte à ces maux, et l’on en voit cependant quelques-uns rester debout, stables et fermes. Beaucoup, il est vrai, submergés comme des navires que l’eau envahit, périssent, ont péri ou périront par la sottise des pilotes et des matelots, qui n’ont en partage sur les plus grandes choses que la plus grande ignorance, et qui, les plus étrangers du monde à la politique, se persuadent que c’est de toutes les sciences celle qu’ils possèdent le mieux.
LE JEUNE
Rien de plus vrai.
De ces gouvernements imparfaits, où la vie est toujours difficile, quel est celui où elle l’est le moins ? Quel est, au contraire, le plus lourd à supporter ?