à des lois écrites l’art d’élever les chevaux et les troupeaux de toute sorte, la divination, toutes les parties qu’embrasse l’art des serviteurs, le jeu des échecs, l’arithmétique tout entière, celle qui est pure, celle qui est appliquée aux plans, aux profondeurs et aux solides, quel jugement ferions-nous de toutes ces choses ainsi traitées, d’après des lois écrites, et nullement d’après l’art ?
LE JEUNE
Il est clair que c’en serait fait de tous les arts, et qu’ils disparaîtraient du milieu de nous, sans pouvoir jamais renaître, par le seul fait de cette loi qui interdirait toute recherche ; et la vie humaine, déjà si pénible, deviendrait sous un tel régime tout à fait insupportable.
Mais que dis-tu de ceci ? Si nous exigions que toutes les choses que nous venons de dire eussent lieu conformément à des règles écrites, si nous chargions de faire observer ces règles un homme choisi par les suffrages ou désigné par le sort, et si cet homme, sans se soucier des règles, par amour du gain ou par faveur, entreprenait d’agir à l’encontre, tout en n’y connaissant rien, n’en résulterait-il pas un mal plus grand encore que le mal précédent ?
LE JEUNE
C’est très vrai.
Car, si je ne me trompe, lorsque des lois sont établies d’après les suggestions d’une longue expérience,