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entent, en coupant ou brûlant ses membres, et se faisant remettre, comme une sorte d’impôt, des sommes d’argent, dont ils emploient une faible partie, ou même rien, au profit du malade, et détournent le reste à leur propre profit, eux et leurs serviteurs. Enfin, ils reçoivent des parents ou des ennemis du malade un salaire, et le font mourir. De leur côté, les pilotes font mille actions semblables ; abandonnent à terre, de parti pris, les passagers, quand ils lèvent l’ancre ; commettent toute sorte de fautes dans la navigation, jettent les hommes à la mer, et leur font souffrir des maux de toute espèce. Croyant tout cela, nous décidons, après délibération, que ces deux arts ne pourront plus commander en maîtres, ni aux esclaves, ni aux hommes libres ; qu’une assemblée se formera ou de nous seuls, ou de tout le peuple, ou des riches exclusivement ; que les ignorants et les artisans auront droit d’émettre leur avis sur la navigation et les maladies, sur l’usage à faire des remèdes et des instruments de médecine dans l’intérêt des malades, des navires et des instruments de marine pour la navigation, sur les dangers que nous font courir les vents, la mer, la rencontre des pirates, sur le point de savoir si, dans un combat naval, il faut à des vaisseaux longs opposer d’autres vaisseaux semblables. Après quoi, nous inscrirons sur des tables et sur des colonnes les jugements de la multitude, soit qu’ils aient été dictés par les médecins et les pilotes, ou par la foule des ignorants ; ou, sans les écrire, nous proclamerons que ce sont là les coutumes