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NOTICE

Deuxième définition (227 a-d). — Il faut atténuer l’affirmation précédente et dire : les gens cupides s’imaginent, mais à tort, que certains objets, en réalité insignifiants, ont un grand prix. Ils se trompent sur la détermination des valeurs. Avouons pourtant qu’ils aiment le gain. Or, le gain est le contraire de la perte, et la perte est un mal. Donc le gain est un bien. D’où cette seconde définition que Socrate insinue au disciple : les gens cupides sont ceux qui aiment le bien. Mais la conséquence sera que tous les hommes sont cupides, conséquence opposée à celle qui découlait de la première définition. Des deux points de vue, quel est le véritable ?


Troisième définition (227 d-228 b). — Le disciple essaie une troisième définition : l’homme cupide est celui qui estime devoir faire un gain là où les gens honnêtes refuseraient. Mais cette définition n’est pas meilleure, puisqu’on a reconnu que faire un gain est un bien et que tous les hommes, honnêtes ou non, veulent le bien. — N’y a-t-il pas cependant des gains dont on peut subir un dommage ? — Non, si subir un dommage, c’est éprouver une perte, et si la perte est le contraire du bien. Or, comme la perte est un mal et le gain un bien, et comme en réalisant un bien, on ne peut en même temps réaliser son contraire, il faut conclure que tout gain est un bien. — Le disciple est complètement désorienté et reproche à Socrate de tout brouiller à plaisir. — Non, répond Socrate, car je désobéirais au précepte d’un homme bon et sage. Cette réplique introduit l’épisode d’Hipparque qui est un intermède au milieu de la discussion et divise le dialogue en deux parties à peu près égales.


Intermède. — L’épisode d’Hipparque (228 b-229 e).


Deuxième
partie.

Socrate propose de retirer plusieurs propositions évidentes. Le disciple refuse, mais réclame pourtant que l’on supprime cette affirmation trop vite accordée : gagner est un bien. Il y a, en effet, bon et mauvais gain.

Toutefois, qu’il soit bon ou mauvais, le gain n’en est pas moins gain, et celui qui gagne honnêtement ne se distingue en rien de celui qui gagne malhonnêtement, quant au fait