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SECOND ALCIBIADE

pouvait solliciter par ses prières l’éloignement des maux présents, il obtint par ses imprécations des maux nouveaux qui s’ajoutaient aux précédents, et quand ils furent accomplis, à ceux-là d’autres encore succédèrent, nombreux et terribles… est-il besoin de les énumérer en détail ?

Alcibiade. — Mais, Socrate, c’est d’un fou que tu parles.

Penses-tu donc qu’un homme sain d’esprit eût jamais formulé pareilles prières ?


La folie identifiée
au manque de
bon sens.

Socrate. — Est-ce que la folie te paraît le contraire du bon sens ?

Alcibiade. — Tout à fait.

Socrate. — Il y a, d’après toi, n’est-ce pas, des hommes sensés det des hommes qui manquent de bon sens ?

Alcibiade. — Oui, il y en a.

Socrate. — Voyons, examinons quels sont ceux-là. Nous avons donc reconnu qu’il y a des gens sensés et des gens qui manquent de bon sens et qu’il y a aussi des fous.

Alcibiade. — Oui, nous l’avons reconnu.

Socrate. — Y a-t-il encore des gens en bonne santé ?

Alcibiade. — Il y en a.

Socrate. — Et aussi des malades ?

139Alcibiade. — Absolument.

Socrate. — Est-ce que ce sont les mêmes ?

Alcibiade. — Non, certes.

Socrate. — Et y en aurait-il d’autres qui ne se trouvent dans aucun de ces deux états ?

Alcibiade. — Non, évidemment.

Socrate. — Il est, en effet, inévitable que tout homme existant soit malade ou ne le soit pas.

Alcibiade. — Il me le semble.

Socrate. — Mais quoi ! S’il s’agit de bon sens et de manque de bon sens, es-tu bien du même avis ?

    d’Œdipe est également interprétée de la même manière par Euripide dans les Phéniciennes. Certaines expressions du dialogue pseudo-platonicien paraissent même être comme un écho de la tragédie grecque :

    ζῶν δ’ ἔστ’ ἐν οἴκοις πρὸς δὲ τῆς τύχης νοσῶν,
    ἀῤς ἀρᾶται παισὶν ἀνοσιωτάτας
    θηκτῷ σιδήρῳ δῶμα διαλαχεῖν τόδε
    (v. 64-67).