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LES RIVAUX

entendu ma question et sa réponse, me dit : « À quoi bon lui demander, Socrate, s’il juge la philosophie méprisable ? Ne sais-tu pas qu’il passe sa vie à lutter, à s’empiffrer et à dormir[1] ? Aussi que veux-tu dqu’il te réponde sinon que la philosophie est chose méprisable » ?

Ce dernier s’occupait de musique[2], tandis que l’autre qu’il gourmandait, s’adonnait à la gymnastique. Je crus devoir laisser de côté le premier, celui que j’avais interrogé, parce qu’il n’avait aucune prétention d’être habile en discours, mais en œuvres, et je voulus m’adresser à celui qui se piquait d’être plus savant, pour voir si je pourrais tirer de lui quelque profit. Je lui dis donc : « Ma question était pour vous deux ; si tu te juges capable de mieux répondre que lui, je te fais la même demande : penses-tu que philosopher soit beau, oui ou non » ?

133À peine avions-nous ainsi parlé que les adolescents nous ayant entendus firent silence et, cessant leurs discussions, se mirent à nous écouter. Ce qu’éprouvèrent les amants, je ne sais, mais pour moi, je fus tout troublé : je suis toujours troublé par la vue de la jeunesse et de la beauté. Il me parut cependant que l’autre n’était pas moins ému que moi, ce qui ne l’empêcha pas de me répondre avec un air avantageux[3] : b« Si jamais, Socrate, je jugeais que philosopher est méprisable, je ne me regarderais plus comme un homme, ni moi, ni quiconque serait dans de pareilles dispositions, dit-il,

    à Anaxagore l’opinion suivant laquelle les astres se mouvaient d’abord latéralement à la terre et, par conséquent, ne pouvaient jamais descendre au-dessous d’elle. Plus tard seulement, se produisit l’inclinaison de l’axe terrestre (ὕστερον δὲ τὴν ἔγκλισιν λαβεῖν).

  1. Galien confirme cette opinion du dialogiste sur les athlètes et décrit en termes analogues leur manière de vivre : ὅλον γὰρ ἑωρῶμεν αὐτῶν τὸν βίον ἐν ταύτῃ τῇ περιόδῳ συστρεφομένων, ἢ ἐσθιόντων, ἢ πινόντων, ἢ κοιμωμέντων, ἢ ἀποπατούνων, ἢ κυλινδουμένων ἐν κόνει τε καὶ πηλῷ (Ad. Thrasyb., c. 87).
  2. La musique comprend les belles-lettres et les beaux-arts. Platon, dans la République, II, 376 e, distingue dans l’éducation deux parties, dont l’une s’adresse au corps : c’est la gymnastique ; l’autre, à l’âme, et c’est la musique. Voir aussi. Lois, VII, 795 d.
  3. Cf. Charmide, 162 c : Καὶ ὁ Κριτίας δῆλος μὲν ἦν καὶ πάλαι ἀγωνιῶν καὶ φιλοτίμως πρός τε τὸν Χαρμίδην καὶ τοὺς παρόντας ἔχων…