LES RIVAUX
Prologue.
132J’entrai chez Denys le grammairien[1] et j’y vis des jeunes gens qui paraissaient être les mieux doués au point de vue physique et devaient appartenir à des familles considérées ; il y avait là aussi leurs amants. Or, deux adolescents étaient en train de discuter. Sur quoi ? je ne l’entendis pas très bien. Il me sembla toutefois que c’était au sujet d’Anaxagore et d’Œnopide[2] ; ils traçaient des cercles bet simulaient des inclinaisons en s’appuyant sur leurs mains et ils s’appliquaient fort[3]. Moi, me trouvant assis auprès de l’amant d’un des deux, je le poussai du coude et lui demandai de quoi donc s’occupaient si attentivement ces adolescents ; je lui dis : « C’est assurément quelque chose de grand et de beau qu’ils font si sérieusement ? »
Mais lui de me répondre : « Que me parles-tu de grande et belle chose ? Ils bavardent sur les astres et débitent des sornettes philosophiques ».
cJe fus surpris de sa réponse et demandai « Jeune homme, philosopher te semble-t-il si méprisable ? Pourquoi parles-tu si âprement ? »
L’autre, son rival qui était assis auprès de lui et avait
- ↑ Un des maîtres de Platon. Cf. Diog.-L., III, 4.
- ↑ Œnopide de Chios, géomètre et astronome célèbre, un peu plus jeune qu’Anaxagore. Diels, Die Fragm. der Vorsok., I, 29.
- ↑ Les jeunes gens étudient, d’après les théories d’Anaxagore et d’Œnopide l’obliquité de l’écliptique. Diogène Laërce (II, 9) attribue