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INTRODUCTION

d’amour-propre, si la copie parvenait à donner l’illusion de l’original.

On ne peut, croyons-nous, assigner la même origine aux dialogues reconnus de bonne heure comme apocryphes. Ces derniers s’échelonnent entre le ive et le ier siècle. Leurs auteurs, des sophistes, peut-être, ou quelques sectateurs d’écoles socratiques, ne se contentent pas de plagier tel ou tel écrit célèbre de Platon, mais, pour achalander leurs productions, ou même pour mieux en assurer la vente, ils s’éclipsent derrière le nom du Maître. Les témoignages anciens nous certifient, en effet, que la cupidité ne fut pas un des moindres stimulants de la fraude. Surtout après la fondation des grandes bibliothèques d’Alexandrie et de Pergame, les bibliothécaires, avides d’augmenter leurs richesses intellectuelles, acceptaient facilement tout ce qu’on leur offrait comme provenant d’un écrivain en renom et payaient largement. Une telle accueillance et une telle libéralité étaient fort dangereuses et ne manquèrent pas de favoriser l’industrie des faussaires[1]. Plusieurs de nos dialogues apocryphes sortent, sans doute, de ces officines frauduleuses. On les vendait comme de Platon, et les conservateurs des bibliothèques les prenaient, au moins sous bénéfice d’inventaire. Mais on ne tarda pas à découvrir et à proclamer leur inauthenticité. Probablement l’édition d’Atticus, qui rangeait les dialogues suivant l’ordre tétralogique établi par Dercyllidès reproduit par Thrasylle, rejetait déjà en appendice les νοθευόμενοι[2].


Valeur de
ces dialogues.

La valeur philosophique ou littéraire de ces compositions est généralement assez médiocre. Quelques-unes d’entre elles cependant ne

  1. Cf. le témoignage de Galien, De Nat. hom. I, 42, de Diogène Laërce, à propos des ouvrages attribués à Ménippe, VI, 100, d’Ammonios, au sujet des livres d’Aristote, Schol. in Arist., 28 a, 43…
  2. Cf. Alline, op. cit., p. 112-121.