Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
viii
INTRODUCTION

des traces assez claires d’inauthenticité. La doctrine, la langue, la médiocrité littéraire, voilà des indices qui, maniés sagement, peuvent faire la lumière. Au cours du xixe siècle, l’athétèse a été exagérée jusqu’à l’absurdité. Cependant, de l’aveu à peu près unanime des critiques les plus modérés, on note légitimement comme suspects et on ajoute à la liste des anciens : Minos, Théagès, Clitophon.


Origine de
ces dialogues.

Comment expliquer la présence de ces apocryphes au milieu des œuvres authentiques ? On sait que la collection des écrits composés par les chefs d’école nous est généralement parvenue, grossie de l’apport des disciples ou des imitateurs. Le corpus édité sous le nom d’Hippocrate contient une multitude de traités dont il est impossible d’identifier l’auteur, et qui reflètent la mentalité d’époques assez diverses et même d’écoles médicales opposées entre elles. L’édition de Démocrite comprenait non seulement les ouvrages de Leucippe et de Démocrite, mais encore ceux de l’école d’Abdère, mélangés aux premiers, sans qu’il fût possible de distinguer les uns des autres. De même, aux traités aristotéliciens se sont joints, au cours des années, de nombreuses dissertations qui se rattachaient aux doctrines du Lycée et ont fini par être englobées dans l’édition définitive d’Aristote. La collection platonicienne a subi un sort semblable. Il nous paraît très probable que les dialogues dits suspects, inscrits dans les catalogues d’érudits comme Aristophane de Byzance et Thrasylle, sont l’œuvre d’académiciens, désireux d’essayer leurs talents et de rivaliser avec leur maître. Placer ses travaux sous l’égide de celui qui les avait inspirés, c’était, en quelque sorte, un hommage naïf de reconnaissance, mais aussi une satisfaction