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NOTICES

aujourd’hui exciter les combattants et leur offrir d’autres secours que des secours diplomatiques.

La lettre obtint assez de succès pour retenir l’attention de Plutarque, qui en insère des extraits dans plusieurs de ses œuvres, et pour servir de modèle à des imitations. Les lettres socratiques 32 et 34 reproduisent plusieurs passages presque textuellement ou utilisent pour des idées nouvelles des expressions à peu près littérales.

Ritter serait porté à désigner Speusippe comme l’auteur[1]. Son argumentation n’est pourtant pas convaincante. On se croirait plutôt en présence d’une composition de rhéteur. Le balancement des phrases, le ton emphatique, la recherche des comparaisons (ici, avec Lycurgue, Cyrus comme dans la 2e lettre), tous ces procédés courants des discours d’apparat, appartiennent bien à ce genre de composition. De plus, un passage où l’on ne peut s’empêcher de reconnaître une imitation d’Isocrate dans l’éloge d’Évagoras, vient confirmer cette impression. Pour permettre d’en juger, nous écrivons les deux textes en parallèle.

Lettre 321 a. Éloge d’Évagoras 32, 3.
Ἐγὼ δὲ καὶ ἐν τοῖς θεάτροις ὁρῶ τοὺς ἀγωνιστὰς ὑπὸ τῶν παίδων παροξυνομένους, μήτι δὴ ὑπό γε τῶν φίλων, οὓς ἄν τις οἴηται μετὰ σπουδῆς κατ’ εὔνοιαν παρακελεύεσθαι. Ἀλλ’ ὅμως ἐγὼ ταῦτ’ εἰδὼς οὐδὲν ήττον καὶ ποιῶ καὶ ποιήσω ταὐτὸν ὅπερ ἐν τοῖς γυμνικοῖς ἀγῶσιν οἱ θεαταί· καὶ γὰρ ἐκεῖνοι παρακελεύονται τῶν δρομέων οὐ τοῖς ἀπολελεμμένοις, ἀλλὰ τοῖς περὶ τῆς νίκης ἁμιλλωμένοις.
Ἐμὸν μὲν οὖν ἔργον καὶ τῶν ἄλλων φίλων τοιαῦτα λέγειν καὶ γράφειν, ἐξ ὧν μέλλομέν σε παροξύνειν ὀρέγεσθαι τούτων ὧνπερ καὶ νῦν τυγχάνεις ἐπιθυμῶν.

On avouera que l’imitation est vraiment heureuse et ne

  1. Neue Untersuchungen über Platon, p. 378 et suiv.

(Dans le tableau, les mots en italique correspondent aux mots présentant un interlettrage supplémentaire ; en l’absence de police grecque italique, l’interlettrage permettait la mise en emphase typographique jusqu’au début du xxe siècle. Voyez les choix éditoriaux.)