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NOTICE GÉNÉRALE

prêts à faire rayonner autour d’eux les doctrines éthico-sociales de leur maître et à travailler à la sauvegarde des États. Toutes ces lettres, écrites à des chefs d’État ou à des hommes politiques, prodiguent des conseils, suggèrent des méthodes d’action. Sans doute, on y reconnaît un certain nombre des théories de la République ou des Lois, — faut-il s’en étonner ? — on y retrouve des formules très semblables à celles des Dialogues. Mais on y voit aussi ces théories appliquées à des circonstances concrètes, on assiste aux tentatives du philosophe pour réaliser dans le domaine des faits les constructions idéales qu’a rêvées son esprit. Naturellement, le souvenir de la grande expérience syracusaine domine tous ces écrits, souvenir attristé, nuancé par endroits d’une légère teinte de découragement : qu’il est donc difficile de rencontrer unies dans le même homme la puissance du chef et la prudence du sage ! — souvenir indigné des ingratitudes et des trahisons…, souvenir ému de l’ami. Platon se remémore avec complaisance les heures de collaboration intime avec Dion, nature droite, franche, ardente, impatiente du joug qui opprimait la Sicile, et rêvant de transformer la situation douloureuse de son pays par la transformation morale du tyran. La 7e lettre est un écho de ces tentatives, et, à travers les pages frémissantes du long mémoire, colorées des sentiments les plus divers, on devine chez l’écrivain la préoccupation de libérer sa conscience et de soumettre sa conduite au jugement de la postérité. Le caractère de la 8e lettre est assez différent. Il n’est plus question ici de plaidoyer personnel. La fortune a changé de face. Les affaires de Syracuse s’éclaircissent, les troubles commencent à s’apaiser et, après des mois de guerre civile, une lassitude intense s’est emparée de tous les partis. Il faut chercher entre les adversaires un compromis honorable. Dès lors, le législateur reparaît chez Platon, et c’est tout un plan de gouvernement, tout un projet de constitution qu’il esquissera pour ses amis siciliens. Ne leur avait-il pas dit jadis : « Je ne vous suivrai pas dans les entreprises belliqueuses que vous méditez contre la tyrannie » — et, leur expliquant pourquoi il ne les sui-