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NOTICE GÉNÉRALE

c’est un caractère qu’ils essaieront de mettre en valeur dans des récits plus ou moins imaginaires, une doctrine qu’ils développeront à la manière du personnage supposé, un événement qu’ils envelopperont avec plus ou moins de vraisemblance de tous les charmes de la légende. Il suffira, pour vérifier ces affirmations, de parcourir les Epistolographi graeci et de lire, entre autres, les lettres socratiques où sont groupées les anecdotes concernant la vie, la méthode et même la mort du philosophe athénien, — les lettres de Thémistocle narrant les péripéties de son exil, — celles de Chion, surtout la 3e, qui est une apologie de Xénophon, — les lettres politiques de Démosthène… Parfois les thèmes sont beaucoup plus simples : un ami qu’on recommande, une affaire qu’on règle, et, dans ce cas, sans doute pour donner davantage l’impression du réel, certaines expressions sont volontairement énigmatiques et ne pourront être comprises que du destinataire.

Bref, le genre épistolaire est assez répandu durant l’époque impériale. Si déjà il est en vogue, s’il nous apparaît avec ses règles, ses procédés caractéristiques, il faut supposer qu’il ne s’est pas formé d’un seul coup, mais se rattache à une plus ancienne tradition. De fait, si pour cette forme littéraire, nous ne possédons pas une aussi grande abondance de témoins dans les siècles précédents, il nous reste du moins des indices très sûrs de son existence à l’époque alexandrine. Je ne parle pas seulement de la collection platonicienne, qui date au moins, nous l’avons dit, de la fin du iiie siècle et doit très probablement remonter plus haut, à supposer même l’inauthenticité de toutes les lettres. Mais nous possédons des lettres certainement authentiques d’Épicure, écrites en vue de l’enseignement. Le nom des trois destinataires, Hérodote, Pythoclès, Ménécée, placé en tête de chacune de ces compositions, ne doit pas, en effet, nous donner le change. Il n’est guère là qu’un symbole du genre littéraire adopté, mais, en réalité, Épicure s’adresse au cercle de ses disciples et, sous la forme épistolaire, résume à leur intention les points substantiels de sa doctrine. Nous pouvons supposer que cette méthode d’exposition n’était pas spéciale à Épicure et tout porte