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LETTRE XIII

des ressources, écoute ce qui en est de celles que tu as à Athènes et des miennes. J’userai, moi, de ta fortune, ainsi que je te l’ai déjà dit, comme de celle de mes autres amis, c’est-à-dire le moins possible, juste ce qui paraît nécessaire, équitable ou convenable, à moi et à celui qui me fait les avances. Or voici ma situation actuelle : mes nièces, celles qui sont d mortes à l’époque où, malgré tes instances, je refusais la couronne, ont laissé à ma charge quatre filles. La première est en âge de se marier, la seconde a huit ans, la troisième, un peu plus de trois ans et la quatrième pas tout à fait un an. Il faut qu’avec mes amis, je fasse une dot à celles qui se marieront de mon vivant ; pour les autres, je ne m’en préoccupe pas. De plus, celles dont le père serait plus riche que moi, je n’ai pas à les doter. Mais, pour le moment, c’est moi le plus fortuné et j’ai doté leurs mères de concert avec Dion et d’autres. e L’une d’elles épouse Speusippe qui est le frère de sa mère. Il ne lui faut guère plus de trente mines : c’est pour nous une dot très suffisante. Au cas encore où ma mère viendrait à mourir, je n’aurais pas besoin de plus de dix mines pour la construction du tombeau. Et voilà à peu près ce qui m’est actuellement nécessaire. S’il se présente quelqu’autre dépense privée ou publique, occasionnée par mon voyage chez toi, comme je te l’ai dit jadis, je m’efforcerai de la réduire le plus possible, mais ce que je ne pourrai éviter 362 restera à ta charge.

Parlons à présent de tes propres dépenses à Athènes : et d’abord, si je dois faire les frais d’une chorégie[1] ou de toute autre chose semblable, contrairement à ce que nous pensions, tu n’as pas ici un seul hôte qui veuille en assumer la charge ; j’ajoute de plus que si c’est pour toi une affaire importante,

    Pausanias I, 3 mentionne un Apollon comme une de ses principales œuvres. — Voir aussi Pline l’Ancien, Hist. Natur., 34, 50.

  1. Plutarque raconte comment, durant l’exil de Dion à Athènes, Platon assuma les frais d’une chorégie et fut aidé dans son entreprise par son ami sicilien : « Et ayant Platon luy mesme entrepris de faire la despense es jeux publiques de la danse de jeunes enfants, Dion prit la peine de les exerciter et apprendre, et si fournit toute la despense qu’il y convenait faire du sien, luy permettant Platon de faire ceste liberalité et honesteté aux Athéniens laquelle apportoit plus de bienveillance à Dion, que d’honneur à luy » (Dion, c. 17,