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LETTRE VII

accorda même aux peltastes qui alors s’étaient assemblés, plus qu’ils ne réclamaient. Le bruit courut bientôt que l’auteur de tous ces troubles avait été Héraclide. Apprenant cette rumeur, Héraclide prit la fuite et se tint caché. Denys voulait l’arrêter, mais il ne savait comment s’y prendre. Il manda donc Théodote dans c son jardin. Je m’y trouvais aussi alors par hasard et me promenais. J’ignore ce qu’ils dirent d’abord, car je ne l’ai pas entendu, mais je sais et me rappelle parfaitement les propos que tint Théodote à Denys en ma présence : « Platon, dit-il, j’essaie de persuader Denys, si j’arrive à ramener ici Héraclide pour répondre aux accusations portées contre lui, et s’il ne jugeait pas à propos de lui permettre de demeurer en Sicile, de le laisser s’embarquer pour le Péloponèse d avec son fils et sa femme et y vivre sans rien tenter contre Denys, avec la pleine jouissance de ses biens. J’ai déjà envoyé vers lui et vais encore le faire : peut-être ainsi cédera-t-il à un de mes deux appels. Mais je supplie Denys et lui demande en grâce, au cas où l’on découvrirait Héraclide dans la campagne ou ici, de ne pas lui infliger d’autre désagrément que l’exil du pays e jusqu’à nouvelle décision de Denys. Y consens-tu ? » ajouta-t-il en s’adressant à Denys. — « J’y consens, répondit celui-ci, et même si on le trouve aux alentours de ta maison, il ne lui arrivera d’autre mal que ce qui vient d’être déclaré. » Or, le lendemain soir[1], Eurybios et Théodote accoururent en hâte vers moi tout troublés : « Platon, me dit Théodote, tu as été témoin hier des promesses faites par Denys à toi et à moi au sujet d’Héraclide ? » — « Sans doute », répondis-je. — « Eh bien ! maintenant, continua-t-il, les peltastes courent de tous côtés pour le rechercher et il y a chance qu’il soit dans les environs. Il faut absolument 349 que tu nous accompagnes chez

  1. Sur les différents personnages de cette scène, cf. Lettre III, 318 c, notes 1, 2, 3. — Karsten oppose les deux récits de la Lettre III (319 a et suiv.) et de la Lettre VII (348 c et suiv.) et conteste qu’après les événements rapportés dans celle-ci, la nouvelle entrevue avec Denys racontée par la Lettre III eût encore été possible. L’impossibilité n’est nullement évidente, ainsi que le remarque justement Ritter (Neue Unters., p. 408). Aussi n’est-ce pas sur cette soi-disant contradiction que nous nous appuyons pour mettre en doute l’authenticité de la Lettre III. C’est plutôt la mise en œuvre de la scène qui nous a paru suspecte et trahit trop manifestement,

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