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NOTICE GÉNÉRALE

commune. Toutes dessinent un portrait de Platon peu conforme à ce que nous connaissons du philosophe. La principale est assurément la septième, et c’est d’après ce modèle que les autres ont été fabriquées. La 3e et la 8e surtout offrent avec elle de nombreux points de ressemblance, si bien que ces trois pourraient se réclamer du même auteur. Leur rédaction remonte probablement à la première moitié du iiie siècle. Les sujets et la manière de les traiter rappellent étonnamment les déclamations des rhéteurs. Sans doute, on retrouve des réminiscences platoniciennes, mais le plagiat transparaît constamment, et la 7e lettre, en particulier, produit l’impression d’un recueil de centons empruntés aux Dialogues et dont le style est malheureusement gâté par des négligences et des fautes grossières contraires à la pure élégance attique. Quant aux faits rapportés, ils révèlent un homme peu au courant des choses athéniennes, et la doctrine prônée n’est qu’une déformation pythagoricienne des théories de Platon. Donc ces Lettres doivent être l’œuvre d’un ou de plusieurs rhéteurs, lecteurs plus fervents qu’intelligents du fondateur de l’Académie, et qui ont voulu entreprendre une apologie du philosophe, le montrer conforme dans sa vie et ses relations aux principes que proclamaient ses écrits. Cependant, un certain nombre d’entre elles, spécialement la 3e, la 7e et la 8e, comptent parmi les documents les plus anciens et les plus précieux que nous possédions sur les faits et gestes de Platon. Elles nous aident à illustrer les trop rares indications des auteurs, à discerner les renseignements vrais de ceux qui sont suspects ou faux, et elles nous apprennent enfin comment, peu après la mort du philosophe, sa doctrine et sa méthode ont pu être déformées par les commentaires et souvent traduites en un langage énigmatique.

Les conclusions de Karsten furent adoptées par l’ensemble des critiques, et l’on peut dire que, depuis, les objections formulées contre l’authenticité des Lettres ont presque toujours été puisées dans cet arsenal merveilleusement approvisionné. Zeller souscrivait totalement à cette condamnation et la maintenait énergiquement contre toute tentative