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LETTRE VII

moyen pour tout homme de se garder, lui et ceux qu’il gouvernait, et qu’agir autrement, c’était aboutir à des résultats absolument opposés. e Si, marchant par la voie que nous lui indiquions, devenant réfléchi et prudent, il reconstituait les villes dévastées de Sicile, les liait entre elles par des lois et des constitutions qui resserreraient leur union mutuelle et leur entente avec lui en vue de la défense contre les barbares, il ne doublerait pas seulement le royaume de son père, 333 mais en vérité il le multiplierait. Car il serait alors bien plus en état de soumettre les Carthaginois que ne l’avait été Gélon[1], tandis que, actuellement, son père s’était vu, au contraire, obligé de payer un tribut aux barbares. Tels étaient nos discours et nos conseils à nous qui conspirions contre Denys, comme on l’insinuait de divers côtés, rumeurs qui trouvèrent crédit dans l’esprit de Denys, firent exiler Dion et nous causèrent b à nous une grande crainte. Mais, pour conclure le récit d’événements nombreux qui se déroulèrent en peu de temps, Dion revint du Péloponèse et d’Athènes et donna à Denys une leçon par le fait. Lors donc qu’il eut délivré la ville et l’eut rendue deux fois aux Syracusains, il en fut payé par eux comme il l’avait été par Denys, quand, le formant et préparant en lui un roi digne du commandement, il s’efforçait d’établir entre eux une totale familiarité de vie. Mais Denys préférait encore la familiarité des calomniateurs qui accusaient c Dion d’aspirer à la tyrannie et d’accomplir dans ce but toutes ses entreprises de cette époque. Il espérait, disait-on, que se

    dès le début ; de vingt-huit, d’après celle de Nakhsh-i-Roustem. En tout cas, les satrapies importantes furent confiées exclusivement aux descendants des six familles qui avaient contribué au renversement de Gaumatâ. Et c’est peut-être ce seul fait qui a retenu l’attention de Platon soit dans les Lois, soit dans la Lettre VII. — Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 6e édit., Paris, Hachette, 1904, pp. 696 et suiv.

  1. Gélon, maître de cavalerie du tyran de Géla, Hippocrate, prit la tyrannie après la mort de ce dernier vers 490. Il conquit Syracuse et choisit cette ville pour résidence. D’après Hérodote (VII, 156), il rendit sa capitale prospère. En 480, les Carthaginois, sous la conduite d’Hamilcar, marchèrent contre la Sicile et assiégèrent Himera. Gélon les battit dans une victoire fameuse que le poète Simonide de Céos chanta à l’égal des journées de Salamine et de Platées. Le gouvernement de Carthage, effrayé, demanda la