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NOTICE GÉNÉRALE

éditions platoniciennes. Ce n’est pas seulement Aristophane de Byzance qui les inscrit dans ses trilogies, mais d’autres érudits, au témoignage de Diogène, adoptaient un catalogue et une disposition identique[1]. Or, pour en imposer à des critiques aussi consciencieux et aussi scrupuleux qu’Aristophane, il fallait que la tradition fût solidement établie. Du reste, il est infiniment probable que la source des savants byzantins est fort ancienne et remonte à une grande édition académique publiée dans le dernier quart du IVe siècle, c’est-à-dire une trentaine d’années après la mort de Platon[2].

Toutefois, le nombre des lettres se trouvait-il fixé, à cette époque, comme il le fut plus tard ? Il ne le semble pas. La 12e, comme nous le verrons, paraît bien n’avoir pris place dans la collection qu’aux environs du ier siècle et tous nos manuscrits signalent son inauthenticité. Faut-il alors en dire autant de la 13e, et, sous prétexte que les œuvres apocryphes terminent généralement les collections, conclure que cette 13e lettre a dû être introduite plus tardivement[3] ? Le raisonnement supposerait que l’ordre de toutes ces lettres était bien déterminé, ordre qui aujourd’hui ne nous est connu que par les manuscrits. Or l’unanimité n’est pas absolument parfaite, et dans certains manuscrits, tel le Parisinus graecus 3009 (Z), qui se rattache à la famille du Vindobonensis 21 (Y), la 13e lettre vient au troisième rang et la douzième termine le recueil.

Dans l’antiquité, si l’on excepte la 12e lettre, cette correspondance n’a très probablement provoqué aucun sentiment de suspicion. Cicéron la connaît, il en traduit des extraits, en résume ou paraphrase certaines pensées et les rapporte à Platon sans manifester la moindre défiance. L’orateur romain attribuait certainement à leur signataire les lettres VII et IX[4].

  1. Ἔνιοι δέ, ὧν ἐστι καὶ Ἀριστοφάνης, écrit Diogène Laërce (III, 61).
  2. Alline, Histoire du texte de Platon, Paris, Champion, 1915, p. 45 et suiv.
  3. Wilamowitz-Moellendorff, Hermes, 32, p. 496.
  4. Les Tusculanes V, 35, 100 citent explicitement la lettre VII en