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LETTRE IX

nidès, désignés tous deux par Jamblique comme pythagoriciens de Tarente[1].

La lettre ne peut avoir été écrite avant 388, époque où Platon revint de son premier voyage en Italie pendant lequel il dut faire la connaissance d’Archytas. Aucun trait ne permet de la dater de façon plus précise.

Archytas avait confié une mission diplomatique à ses compatriotes Archippos et Philonidès, ses associés dans le culte de la science pythagoricienne. Mais, en même temps, il avait exprimé à Platon ses regrets de ne pouvoir abandonner les affaires pour se livrer complètement à ses études de prédilection. C’est à ces plaintes que répond le philosophe en développant le thème que nous ne sommes pas nés pour nous seuls, mais que notre vie se partage entre la patrie, les parents, les amis et les circonstances qui orientent notre activité. Si la patrie remet ses intérêts entre nos mains, nous ne pouvons nous dérober.

Cicéron cite à deux reprises cette pensée en la rapportant à Platon : « …ut ad Archytam scripsit Plato, non sibi se soli natum meminerit, sed patriæ, sed suis, ut perexigua pars ipsi relinquatur » (De fin., II, 14). — « Sed quoniam (ut præclare scriptum est a Platone), non nobis solum nati sumus, ortusque nostri partem patria uindicat, partem amici… » (De Off., I, 7).

Dans la lettre elle-même, aucun indice bien clair ne permet de corroborer ou d’infirmer le témoignage si net de Cicéron en faveur de l’authenticité. Il n’est pas impossible que Platon ait exprimé semblables idées, mais ce lieu commun était également à la portée de n’importe quel rhéteur.

Deux passages font pourtant difficulté. Sans fournir de raison décisive pour le caractère apocryphe de la lettre, ils nous empêchent d’accorder une confiance absolue à l’autorité de Cicéron. Le terme καταλιμπάνειν, au sens de καταλείπειν, se trouve uniquement à cet endroit (358 b) dans toute l’œuvre platonicienne et risque fort d’être d’usage hellénistique. — L’épithète de νεανίσκος attribuée à Échécrate (358 b) est pour le moins étrange, si, comme l’admettent ceux mêmes qui tiennent la lettre pour authentique, cet

  1. Diels, Die Fragm. der Vorsok. I, 269, 3 et sq.