sophie ; souvent il est homme d’État, et, bondissant à la tribune, il dit et fait ce qui lui passe par la tête. Un jour il envie les gens de guerre, et il se porte de ce côté ; un autre jour, les hommes d’affaires, et il se jette dans le commerce. En un mot il ne connaît ni ordre ni contrainte dans sa conduite ; c’est pour lui un régime agréable, libre, bienheureux qu’une telle vie, et il n’a garde d’en changer,
eTu as fort bien décrit, dit-il, la conduite d’un ami de l’égalité[1].
J’ai montré aussi, je crois, repris-je, qu’il réunit en lui des formes de toute sorte et des caractères de cent espèces, et qu’il est l’homme beau et bariolé, qui ressemble à l’État démocratique. Aussi beaucoup de gens des deux sexes envient ce genre d’existence où l’on trouve presque tous les modèles de gouvernement et de mœurs.
C’est bien cela, dit-il.
562Eh bien, rangeons cet homme en regard de la démocratie, car il est juste qu’on l’appelle démocratique. Rangeons-l’y, dit-il.
La tyrannie.
XIV Maintenant, repris-je, c’est le plus beau gouvernement et le plus beau caractère d’homme qui nous reste à étudier, je veux dire la tyrannie et le tyran.
Parfaitement, dit-il.
Voyons donc, cher ami, avec quel caractère la tyrannie se présente à nos yeux ; car, pour son origine, il est à peu près évident que la tyrannie vient de la démocratie.
Oui.
Est-ce que les choses ne se passent pas à peu près de même dans le changement de l’oligarchie en démocratie, et de la démocratie en tyrannie ?
bComment ?
Le bien qu’on se proposait, repris-je, et qui a servi à l’établissement de l’oligarchie, c’est la richesse excessive, n’est-ce pas ?
- ↑ Πλῆθος δὲ ἄρχον πρῶτα μὲν οὔνομα πάντων κάλλιστον ἔχει, ἰσονομίην : la multitude souveraine porte le plus beau de tous les noms : on l’appelle isonomie (égalité des lois). Hérodote III 80. Cf. Bergk Poet. Lyr. Gr.4 III Schol. 12.