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LA RÉPUBLIQUE X

enchaînait le ciel, comme les cordes qui font le tour des trières ; c’est de la même façon qu’elle retenait toute la sphère tournante[1]. Aux extrémités de ces liens était suspendu le fuseau de la Nécessité qui faisait tourner toutes les sphères ; la tige et le crochet étaient d’acier, et le peson un mélange d’acier et d’autres matières. dVoici quelle était la nature du peson : extérieurement il ressemblait aux pesons d’ici-bas ; mais pour sa composition, il faut, d’après ce que disait Er, se le représenter de la façon suivante : c’était un grand peson creux et évidé complètement, dans lequel était exactement enchâssé un autre peson pareil, mais plus petit, comme les boîtes qu’on encastre l’une dans l’autre ; un troisième s’enchâssait de même, puis un quatrième, puis les autres ; car il y avait huit pesons en tout, insérés les uns dans les autres, laissant voir en haut eleurs bords comme des cercles, et formant la surface continue d’un seul peson autour de la tige, qui traversait de part en part le milieu du huitième. Or le premier peson, le peson extérieur, était celui dont le bord circulaire était le plus large ; à ce point de vue le sixième peson avait le deuxième rang, le quatrième, le troisième rang ; le huitième, le quatrième ; le septième, le cinquième ; le cinquième, le sixième ; le troisième, le septième, et enfin le deuxième, le huitième. Le cercle du plus grand était constellé ; celui du septième était le plus brillant, celui du huitième tenait sa couleur du septième qui l’éclai-

  1. M. Rivaud, dans la Revue d’Histoire de la philosophie, janvier-mars 1928 p. 1-26, a donné la clef de cette description de l’univers qui a tant embarrassé les commentateurs. Ce que Platon décrit ici, ce n’est pas le ciel réel, mais un mécanisme propre à figurer les mouvements célestes, une sorte de planétaire destiné à l’enseignement. Dès lors, « les détails insolites de sa description se comprennent sans peine. Les déesses, le fuseau, les douilles (ou pesons), les membrures, tout ce mécanisme que nos yeux chercheraient vainement dans le ciel, est celui d’un « automate » destiné à représenter aux sens ce que l’intelligence seule peut imaginer… Seulement, et c’est ce qui fait tout le mystère du texte, Platon passe constamment de sa machine planétaire au ciel véritable. Il amplifie indéfiniment les dimensions réelles de son mécanisme. Et voici, au lieu de l’axe de diamant ou de métal, la « lumière » étincelante qui traverse le ciel ; voici, au lieu des méridiens de cuivre ou de bois, les « liens » lumineux qui joignent le pôle à l’équateur ». Il faut dire d’ailleurs que