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LA RÉPUBLIQUE IV

Cela va de soi.

Suppose qu’il s’agisse de quatre choses présentes en un endroit, et que nous en cherchions une ; quand nous aurions trouvé cette première chose, nous nous en tiendrions là ; mais si nous avions auparavant les trois autres, nous aurions reconnu par cela même celle que nous cherchions ; car il est évident que ce ne pourrait plus être que celle qui resterait[1].

C’est exact, dit-il.

Ne faut-il pas pour ces vertus, qui sont justement quatre, suivre la même méthode ?

Évidemment si.

La sagesse
se voit dans le corps
des gouvernants.

b

Eh bien, tout d’abord il en est une que j’aperçois au premier regard : c’est la sagesse ; j’y vois même quelque chose d’étrange.

Quoi ? demanda-t-il.

L’État dont nous avons tracé le plan me paraît être réellement sage ; car il est sage en ses conseils, n’est-ce pas ?

Oui.

Or cela même, la sagesse dans les conseils, est évidemment une science, puisque ce n’est pas l’ignorance, mais la science qui inspire les bons conseils.

Évidemment.

Mais il y a beaucoup de sciences, et de toute espèce dans l’État.

Sans doute.

cIl y a la science des charpentiers : est-ce elle qui vaut à l’État le nom de sage et de prudent en ses conseils ?

Pas du tout, dit-il ; à ce titre, il passera seulement pour habile charpentier.

Il y a aussi la science des menuisiers : ce n’est pas elle non plus qui, en délibérant sur les moyens de faire des meubles parfaits, vaut à l’État le nom de sage.

Assurément non.

Ce n’est pas non plus la science qui se rapporte aux ouvrages en airain ou autres du même genre ?

  1. On a reproché à Platon d’appliquer ici à une question de morale la méthode des résidus qui convient exclusivement à l’étude de quantités abstraites. En réalité, Platon l’emploie comme un simple procédé d’exposition.