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LA RÉPUBLIQUE VII

Non, par Zeus, s’écria-t-il, ce n’est pas mon avis à moi qui t’écoute.

Mais c’est le mien à moi qui parle, répondis-je. Quoi qu’il en soit, n’oublions pas que notre premier choix tombait sur des vieillards, det qu’ici il n’y a pas de place pour eux. Car il n’en faut pas croire Solon, quand il dit qu’un vieillard peut apprendre beaucoup de choses : il apprendrait plus facilement à courir ; c’est aux jeunes gens que conviennent les travaux pénibles et multiples.

Nécessairement, dit-il.


Éducation des futurs dialecticiens.
Triages successifs.

XVI  C’est donc dès l’enfance qu’il faut faire étudier l’arithmétique, la géométrie et toutes les sciences qui doivent précéder l’enseignement de la dialectique, et il faut donner à ses leçons une forme qui ne sente pas la contrainte. Pourquoi donc ?

eParce que, répondis-je, l’homme libre ne doit rien apprendre en esclave ; car si les travaux corporels pratiqués par force ne font aucun mal au corps, les leçons qu’on fait entrer de force dans l’âme n’y demeurent pas.

C’est vrai, dit-il.

Ainsi donc, excellent jeune homme, repris-je, n’use pas de violence avec les enfants, 537fais que l’éducation soit un jeu pour eux : tu seras par là mieux à même de découvrir les dispositions naturelles de chacun.

C’est un précepte plein de raison, dit-il.

Ne te souviens-tu pas, repris-je, de ce que nous disions plus haut, qu’il fallait conduire les enfants à la guerre sur des chevaux, pour la leur faire voir, et, si la chose pouvait se faire sans danger, les approcher de la mêlée et leur faire goûter le sang, comme aux jeunes chiens ?

Je m’en souviens, dit-il.

Dans tous ces travaux, repris-je, dans tous ces enseignements et ces périls, celui qui se montrera le plus agile, tu le mettras dans un groupe à part.

    autres, que celui de l’homme capable de se jouer en des discours et de composer des allégories sur la justice et les autres belles choses dont tu as parlé. »