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LA RÉPUBLIQUE VII


La science
de l’harmonie.

XII  Maintenant pourrais-tu citer une autre science qui convienne à notre dessein ?

Non, dit-il, pas ainsi, au pied levé.

Cependant, repris-je, le mouvement ne présente pas une seule forme : il en a plusieurs, si je ne me trompe. Un savant pourrait peut-être les nommer toutes ; dmais il y en a deux qui nous sont connues.

Lesquelles ?

Outre celle dont je viens de parler, répondis-je, il y en a une qui lui répond.

Laquelle ?

Il semble, répondis-je, que, comme les yeux ont été formés pour l’astronomie, les oreilles l’ont été de même pour le mouvement harmonique et que ces sciences sont sœurs, comme le disent les Pythagoriciens, et comme nous, Glaucon, nous l’admettons avec eux ; ou es-tu d’un autre avis ?

Non, du tien, dit-il.

eComme la matière est d’importance, repris-je, nous prendrons leur avis sur ce point et sur d’autres encore, s’il y a lieu ; mais en tous les cas nous garderons notre principe.

Lequel ?

De veiller à ce que nos élèves n’entreprennent pas de ces sciences une étude qui resterait imparfaite et n’aboutirait pas infailliblement au terme où doivent aboutir toutes nos connaissances, comme nous le disions tout à l’heure de l’astronomie. 531Ne sais-tu pas que l’harmonie n’est pas mieux traitée qu’elle ? En se bornant à mesurer et à comparer entre eux les accords et les sons perçus par l’oreille[1], on fait, comme les astronomes, un travail inutile.

Et ridicule aussi, par les dieux ! s’écria-t-il. Nos musiciens parlent de je ne sais quelles gammes diatoniques ; ils tendent l’oreille comme pour surprendre la conversation de leurs

    phénomènes matériels ne seront jamais totalement réductibles. Sur la continuité de cette idée chez Platon, cf. Tannery, Mém. scient., t. VII, p. 56-59 et A. Rivaud, Le système astronomique de Platon, Revue d’Hist. de la Philos. II 7 (1928), p. 1-26.

  1. Les Pythagoriciens les mesuraient en comparant les longueurs des cordes vibrantes, de mêmes matière, épaisseur et tension.