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LA RÉPUBLIQUE VII


La vraie méthode
de l’astronomie.

Elle n’est, ma foi, pas ordinaire, dis-je, ta manière de comprendre l’étude des choses d’en haut, tu as l’air de croire qu’un homme bqui lèverait la tête pour regarder les ornements d’un plafond et qui en prendrait une vague connaissance, userait pour cela des yeux de l’âme, et non de ceux du corps. Peut-être en juges-tu bien, et ne suis-je qu’un sot ; mais, pour ma part, je ne puis reconnaître d’autre science qui fasse regarder l’âme en haut que celle qui a pour objet l’être et l’invisible. Mais si c’est une chose sensible qu’on veut étudier, qu’on la regarde en haut, bouche béante, ou en bas, bouche close, je nie qu’il y ait jamais eu la connaissance ; car la science ne comporte rien de sensible ; l’âme, en ce cas, regarde, cnon en haut, mais en bas, étudiât-on en nageant sur le dos, à terre ou en mer.


XI  Je n’ai que ce que je mérite, et tu as raison de me reprendre. Mais comment prétendais-tu qu’il fallait étudier l’astronomie, et que faut-il changer à la méthode actuelle pour que l’étude de cette science serve à notre dessein ?

Voici, répondis-je. Ces constellations variées du firmament sont brodées dans une matière visible. De ce fait, bien qu’elles soient, il faut le reconnaître, dce qu’il y a de plus beau et de plus exact dans cet ordre, elles sont bien inférieures aux constellations vraies et à ces mouvements suivant lesquels la vraie vitesse et la vraie lenteur, selon le vrai nombre et dans toutes les vraies figures, se meuvent en relation l’une avec l’autre et meuvent en même temps ce qui est en elles ; et ce sont là des choses perceptibles par la raison et l’intelligence, mais par la vue, non pas ; mais peut-être crois-tu le contraire.

Pas du tout, dit-il.

Il faut donc, repris-je, se servir des ornements variés du ciel comme d’exemples pour atteindre à la connaissance des choses invisibles[1], comme on ferait, si l’on trouvait des dessins de Dédale eou de quelque autre artiste ou peintre tracés

  1. Cf. Duhem, Le Système du Monde, p. 94 : « La véritable astronomie (d’après Platon) est celle qui, à l’aide du raisonnement géométrique, découvre les combinaisons cinématiques simples dont le δημιουργός suprême a usé pour produire les entrelacs compliqués