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LA RÉPUBLIQUE VI

comme d’images des objets mêmes qui produisent les ombres de la section inférieure, objets qu’ils jugent plus clairs que les ombres et qu’ils prisent comme tels.

bJe comprends, dit-il ; tu veux parler de ce qui se fait en géométrie et dans les autres sciences de même nature.

Apprends maintenant ce que j’entends par la deuxième section des choses intelligibles. Ce sont celles que la raison elle-même saisit par la puissance dialectique, tenant ses hypothèses non pour des principes, mais pour de simples hypothèses, qui sont comme des degrés et des points d’appui pour s’élever jusqu’au principe de tout, qui n’admet plus d’hypothèse. Ce principe atteint, elle descend, en s’attachant à toutes les conséquences qui en dépendent, jusqu’à la conclusion dernière, sans faire aucun usage d’aucune donnée sensible, cmais en passant d’une idée à une idée, pour aboutir à une idée.

Je comprends, dit-il, mais pas suffisamment ; car ce n’est pas, je m’imagine, une mince besogne que cette recherche dont tu parles. Il me semble pourtant que tu veux établir que la connaissance de l’être et de l’intelligible qu’on acquiert par la science de la dialectique est plus claire que celle qu’on acquiert par ce qu’on appelle les sciences, lesquelles ont des hypothèses pour principes. Sans doute ceux qui étudient les objets des sciences dsont contraints de le faire par la pensée, non par les sens ; mais parce qu’ils les examinent sans remonter au principe, mais en partant d’hypothèses, ils ne te paraissent pas avoir l’intelligence de ces objets, bien que ceux-ci soient intelligibles avec un principe. Et il me paraît que tu appelles connaissance discursive, et non intelligence, la science des géomètres et autres savants du même genre, parce que la connaissance discursive est quelque chose d’intermédiaire entre l’opinion et l’intelligence.

Tu as très bien compris, dis-je. Maintenant à nos quatre sections applique ces quatre opérations de l’esprit : à la section la plus élevée l’intelligence, eà la seconde la connaissance discursive, à la troisième attribue la foi, à la dernière la

    au contraire, assignent la plus large part au visible, parce qu’il est la région du multiple. Mais la classification de Platon n’est point faite en considération de l’unité et du multiple, mais d’après les degrés