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LA RÉPUBLIQUE VI

comme si tu étais arrivé au terme. Nous serons satisfaits si, comme tu nous as expliqué la justice, la tempérance et les autres vertus, tu nous expliques de même ce qu’est le bien.

Et moi aussi, mon cher, dis-je, je le serais, et même pleinement ; mais je crains que cela ne dépasse mes forces et que mon zèle maladroit n’apprête à rire. Faisons mieux, mes bienheureux amis ; laissons-là quant à présent la recherche du bien tel qu’il est en lui-même ; eil me paraît trop haut pour que l’élan que nous avons L’image du bien.nous porte à présent jusqu’à la conception que je m’en forme. Mais je veux bien vous dire, si vous y tenez, ce qui me paraît être le rejeton du bien et son image la plus ressemblante ; sinon ; laissons la question.

Eh bien, dit-il, parle ; une autre fois tu t’acquitteras en nous expliquant ce qu’est le père.

Plût au dieux, répondis-je, que nous pussions, moi, payer, vous, recevoir cette explication 507que je vous dois, au lieu de nous borner, comme nous le faisons, aux intérêts. Prenez donc ce fruit, ce rejeton du bien en soi ; mais gardez que je ne vous trompe sans le vouloir, en vous remettant un compte erroné des intérêts.

Nous y prendrons garde, dit-il, autant que nous pourrons ; parle seulement.

Il faut auparavant, dis-je, que nous nous mettions d’accord, et que je vous rappelle ce qui a été dit précédemment et en mainte autre rencontre,

bQuoi ? demanda-t-il.

Il y a un grand nombre de belles choses, un grand nombre de bonnes choses, un grand nombre de toute espèce d’autres choses, dont nous affirmons l’existence et que nous distinguons dans le langage.

Oui, en effet.

Nous affirmons aussi l’existence du beau en soi, du bon en soi, et de même, pour toutes les choses que nous posions tout à l’heure comme multiples, nous déclarons qu’à chacune d’elles aussi correspond son idée qui est unique et que nous appelons son essence.

    sa conception philosophique de la divinité. Cf. Shorey, On the Idea of Good in Plato’s Republic (Chicago Studies in Classical Philology).