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LA RÉPUBLIQUE VI

qu’il doit prendre pour guide et poursuivre en tout et partout ; car un imposteur n’aura jamais part à la véritable philosophie.

C’est en effet ce que nous avons dit.

Dès lors sur ce premier point ne sommes-nous pas en complète opposition avec ce qu’on pense communément du philosophe ?

Si fait, dit-il.

Serait-ce mal défendre notre opinion que de répondre que celui qui a le véritable amour de la science est naturellement disposé à lutter pour atteindre l’être, et que, loin de s’arrêter aux nombreux objets bqui n’existent qu’en apparence, il le poursuit sans faiblir et ne se relâche point dans son amour qu’il n’ait atteint la nature de chaque chose en soi par la partie de son âme qui est faite pour saisir les essences, à cause qu’elle est de même nature qu’elles, qu’enfin s’approchant par cette partie de l’âme de l’être véritable et s’unissant à lui, il engendre l’intelligence et la vérité, et dès lors jouissant de la connaissance, de la vraie vie et de la vraie nourriture, cesse enfin, mais pas avant, d’être en butte aux douleurs de l’enfantement ?

Ce serait, dit-il, la réponse la plus convenable qu’on puisse faire.

Mais quoi ? cet homme aura-t-il quelque penchant à aimer le mensonge ou tout au contraire l’aura-t-il en horreur ?

cIl l’aura en horreur, dit-il.

Or quand la vérité ouvre la marche, on ne saurait dire, je pense, qu’elle mène à sa suite le chœur des vices ?

C’est impossible.

Mais qu’au contraire elle marche avec la pureté des mœurs et la justice, à la suite de laquelle vient à son tour la tempérance.

Fort bien, dit-il.

À quoi bon ranger à nouveau le chœur des autres qualités propres à une nature philosophique et en démontrer la nécessité ? Tu te souviens sans doute que nous avons trouvé que les qualités qui lui appartiennent étaient le courage, la grandeur d’âme, la facilité à apprendre, la mémoire. Tu m’as objecté alors que sans doute il était impossible de ne pas